Voici le conte de...

Il était une fois...

Un couloir. Sombre et inquiétant. La tapisserie, ancienne, gondole sous tes doigts, s'effritant en haut des murs. Le parquet grince sous tes pas, annonçant ta venue. Sur lui aussi est passé le temps, le rendant morne et rêche. La peur au ventre, tu avances lentement dans ce monde noir, simplement guidée par une faible lueur, au bout du couloir. Tu ne sais pas pourquoi tu t’en approches, mais tu le fais, comme poussée par ton instinct. Et puis, soudain, un cri. Il retentit dans ta tête, se répercutant sur les parois de ton crâne. Tu te plies en deux, tenant ta tête à te mains, submerger par une douleur sans nom. A ton tour, tu as envie de hurler. Rien ne sort. Tu es là, allongée sur le sol, alors que ce cri continu. Il est aigu et puissant. Une femme.

Comme il est arrivé, le bruit cesse. Aussitôt, le mal se retire de ta tête, te rendant ta mobilité. Tu te relèves difficilement, t’appuyant de tout ton poids sur le mur, et jette à nouveau un regard à la lumière. Là-bas, tout au fond, est apparu une porte. Elle semble resplendir dans le noir, sa douce lueur murmurant ton prénom. Quel prénom ? Tu ne t’en souviens plus. Ça n’a pas d’importance. Tu te remets en marche, chancelante et fatiguée. Finalement, tu arrives à la porte. Elle est immense, taillée dans du chêne et ornée de multitude de dessins. Tu y poses tes deux mains, tendant l’oreille. A l’intérieur, tu crois percevoir des gémissements. Quelques secondes s’écoulent. Oui, ce sont bien des plaintes que tu entends, juste à quelques mètres de toi, derrière cette porte majestueuse. Tout d’un coup, un claquement sinistre retentit. Tu ne sais pas ce que sais. Une gifle, dans le meilleur des cas, un os brisé, dans le plus mauvais. Y répondant, un glapissement aigu. Ça va recommencer. Merde.

La femme hurle de nouveau. Tu t’assois sur le sol, te bouchant les oreilles du mieux que tu peux. Les yeux fermés, tu te balances d’avant en arrière, comptant les secondes. Faites que ça finisse. S’il-vous-plait. Faites qu’on arrête ça. Tu n’en peux plus … Le cri s’atténue à nouveau, remplacé par de faibles murmures. Tu te colles contre la porte, espérant saisir quelques mots, quelques phrases. Rien. Si ce n’est la voix grave d’un homme qui s’élève, autoritaire et mécontente, avant qu’un autre bruit apeurant se fasse entendre. Il faut que tu fasses quelque chose. Rentre. Maintenant. Ouvre la porte et passe le seuil. Aide la. Rentre, je te dis !

Mais pas besoin. Dans cette chambre, tu y es déjà. Et la femme qui crie, c’est toi.