Bruits.
Sourires.
Rires.
Une journée tranquille et habituelle était sur le point de commencer, de nouveau. Pour Elmeraud, elle n'avait rien de plaisante. Ni de déplaisante d'ailleurs.
Il s'était assis, à sa place, après avoir chaleureusement dit bonjour à ses "amis" et vaguement discuter avec eux. Pour ne pas paraitre trop "asociale".
Assis sur sa chaise, il regardait le vide. Le vague de sa vision était à peine troublé par les pâles fleurs blanches qui traversaient sa vue. Fleurs blanches. Neige. Noël était passé mais l'hiver, lui, persisteraient encore un bon moment.
Cela ne le gênait pas. Il trouvait ça beau, bien qu'il ne fut pas en mesure d’apprécier ce spectacle. Contrairement à ses camarades, il ne ressentait pas le froid.
Ceux ci, déjà bruyants, s'esclaffèrent. Le jeune homme tourna la tête vers la source de leur hilarité, pour plaisanter à son tour. Mais en voyant le nouveau professeur d'histoire, il n'y arriva pas. Il ne voyait pas ce qu'il y avait de drôle. Il secoua les épaules. Tant pis. Les autres riraient sans lui.
Il retourna à la contemplation du paysage.
Le professeur d'histoire...
Il y avait peu de professeurs dans l'établissement, il était rare d'en accueillir d'autres. Mais qu'est ce qu'un professeur d'histoire pourrait bien lui apprendre? Espérance n'était pas assez vieille pour remplir plusieurs cours sur plusieurs années. Des histoires de l'Avant peut être? Mais il y avait tant de nationalités différentes ici bas!
Mais ça l'avait intrigué. Elmeraud lisait. Beaucoup. Sur l'Avant aussi. Cet homme serait sans doute à même de lui apprendre des choses qu'il ignorait encore. Les erreurs du passé...
Il entra, déterminé, visiblement. Le garçon le regardait du coin de l’œil. Comment allait il commencer? Il mit quelque chose dans ses oreilles, puis pris une craie. Il la fit horriblement crisser sur le tableau. Tous les élèves se bouchèrent les oreilles en gémissant. Pourquoi? L'enfant ne craignait pas le son. Devait il mettre les mains sur ses oreilles en faisant la grimace? Comme les autres?
Une situation inédite.
C'était un bon commencement pour le blondinet, moins pour ses compagnons, visiblement.
Personne ne le regardait, alors il ne fit rien. L'homme cessa et se présenta.
"Bonjour. Je suis Robin, votre nouveau professeur d'histoire. Comme vous le savez, nous allons passer beaucoup de temps, les uns avec les autres. C'est pourquoi je pense que nous devrions partir sur de bonnes bases. Solides. Inébranlables. Et surtout, fondées sur un respect mutuel. Sachez donc que je n'aime pas le bruit."Il n'allait pas être aimé par la plupart. Pas en commençant ainsi. Si le jeune garçon avait appris quelque chose depuis qu'il était arrivé, c'était que le bruit, les bavardages, la communication dirons nous, faisait parti intégrante de la nature humaine. On ne pouvait pas empêcher ça, c'était comme respirer pour eux. Peut être devrait il lui en parler?
L'asiatique commença son cours. Il lui semblait que son prénom était bien étrange pour un homme de sa nationalité, mais dans le doute, Elmeraud préféra mettre cette pensée superflue de côté.
Un cours sur Espérance.
Il s'en doutait un peu et ça ne le passionnait pas plus que ça. Il savait déjà tout à ce sujet. Il retourna contempler le néant brisé de blancheur.
La sonnerie retentit. Le cours se termina. Les élèves partirent en courant, heureux d'être enfin libre.
Où irait le jeune homme aujourd'hui? La bibliothèque? La salle d'art peut être? Personne ne l'attendait quand retentissait la fin de l'école. Qui oserait se mêler des loisirs du jeune homme? Interrompre la lecture d'un élève si studieux c'était pire que le vole. Et personne n'osait lui parler quand il dessinait. Il faut dire que personne ne l'avait jamais vu faire non plus. Ou
presque. Il restait cette petite fille sur la plage, devant laquelle il ne s'était jamais sentit aussi vivant.
Le professeur rangeait ses affaires. Une idée traversa l'esprit d'Elmeraud. Une idée parmi tant d'autres. Assez saugrenue en fait. Se mélangeant au tourbillon continuelle de pensées en tout genre.
- Sensei, commença t il. C'était bien ainsi qu'ils appelaient leurs professeurs dans son pays natal nan?
Qu'est ce que vous préférez? Le passé ancré dans l'encre éphémère ou le futur colorié et incertain?Il laisserait sa réponse déterminer sa prochaine destination. Comme ça, problème réglé. Pour une fois que ce n'était pas ses jambes qui décidaient. Il répondrait certainement le passé, de toute manière. Sinon pourquoi être professeur en histoire?