« Papa… ? Maman… ? … Qui c’est ? »
-        C’est ta sœur.

La pierre de marbre surplombée de sa croix s’imposait devant les yeux du jeune Victor, âgé alors de 8 ans. Devant le mutisme pesant de ses parents, l’enfant gardait le silence, fixant comme eux la plaque mortuaire où était inscrit :

« Gisèle Kasprzycki 1990- »

La consonance de ce nom lui était familière, c’était le sien. Mais il n’avait pas connu cette personne.  Elle était née 4 ans avant lui. Il n’en avait alors jamais entendu parler jusqu’à cette journée automnale dans ce cimetière de Cracovie.
Et ce fut, d’aussi loin qu’il s’en souvienne, la dernière fois.

 

« Allez… ne fais pas ton timide… Joue-moi un air ! »
-        Je… Je n’ai jamais joué en dehors du conservatoire…
-        Raison de plus ! S’il te plait, fais le pour moi…

La jeune fille lui sourit, ses paumes posées sur le rebord de ses cuisses, elle se penchait vers lui offrant à son interlocuteur une vue ravissante sur sa poitrine naissante. Mais Victor ne remarquait pas ces choses-là. Les sourcils froncés, il se concentra sur la requête de sa camarade, et fit glisser sur ses cordes l’archet de son violon. Une mélodie candide s’écoula le long de ses doigts sous le regard attendrie de son auditrice.
A chacun son bouclier pour affronter le monde, pour Victor, c’était son violon. Les notes se déversèrent dans leurs oreilles en un accord fluide et parfait. Finalement, jouer devant quelqu’un ou pour soi, cela ne fait pas grande différence, pensa-t-il alors. C’était la même bulle qui l’isolait de toutes nuisances extérieures.
Le morceau finit, Victor releva la tête, abaissant son instrument, redescendant alors sur Terre, il se rappela qu’il n‘était pas seul, timidement, il regarda la jeune fille espérant un verdict optimiste de sa prestation. Et il le fut. Sans qu’il n’ait le temps de comprendre, la jeune fille fondit sur lui et plaqua ses lèvres contre les siennes. Elle se dégagea ensuite et lâcha d’un ton mièvre :

« C’est magnifique… »

Son visage à cinq centimètres du sien, le jeune homme grimaça d’effroi. Paniqué, il se releva prestement saisi en hâte son instrument et prit la fuite, bégayant un :

« Je… je suis désolé. » avant de claquer la porte.



Lettre du Conservatoire de Paris du 23/06/2010.



« M., Mme Kasprzycki,

Nous avons le plaisir de vous annoncer que votre fils, Victor Kasprzycki, a été choisi pour diriger le 18^e orchestre philharmonique organisé chaque année par la ville de Paris à l’occasion du 21 juin 2011, jour célébrant la musique. Victor étant mineur, il nous faut votre accord (…) »
 



Journal du 5/03/2012 de Victor K.


« J’aime ses mains, la manière dont il fait glisser ses doigts sur son clavier. Le son qu’il y dépose est délicat, et, Dieu soit loué, rarement faux. Son regard me transperce dès qu’il se pose sur moi. Je suis censé être son maestro, mais je me sens comme un enfant désorienté lorsqu’il me regarde ou répond à mes instructions. Mes élèves sont tous plus âgés que moi et pour autant, chacun d’eux impose un profond respect à mon égard. Même lui semble ne voir qu’en moi le professeur et non l’adolescent… »



Journal du 12/03/2012 de Victor K.


« Nous nous sommes embrassés. La répétition était terminée mais il a souhaité répété encore. La salle s’est vidée, et j’écoutais ma composition couler sous ses phalanges. Cette pensée me fit rougir, il avait en sa possession un morceau de mon travail, qu’il avait analysé, décortiqué, interprété, pour mieux me servir.

Je l’interrompis, le faisant revenir sur un passage qui ne me convenait pas. Je parlais méthodiquement évitant à tout prix de croiser son regard. Je lui jouais au piano son passage, lui indiquant son erreur, mais mon souffle fut couper net par l’expression de son visage. Il me regardait avec une ardeur qui brisa en un éclat mon masque d’instructeur, me retrouvant à nu sous son emprise. Il approcha son visage, et je sentis son contact, puis une sensation agréable s’immiscer dans ma bouche. Le concerto pour piano N°2 en C mineur de Rachmaninov raisonna dans ma tête.

Pour la première fois depuis longtemps, je me sens bien. »
 

18 juin 2012



*Le téléphone sonne. Au bout de la quatrième sonnerie, le répondeur se déclenche.*

(…) *Tiiit !*


Bonjour mon chéri, j’espère que tout se passe bien… Nous avons bien reçu les invitations pour ton orchestre, je suis fière de toi tu sais, depuis le temps que tu attends ce jour… Enfin, je t’appelai pour te parler de la petite Margerie, tu te souviens d’elle ? Vous jouiez ensemble quand vous étiez encore tout petit ! Elle demande à te voir, depuis le temps, c’est devenue une très jolie jeune femme, Papa tient à ce que tu la rencontres. C’est une bonne fille, elle avait un petit faible pour toi à l’époque, tu t’en souviens… ?

*Silence*


… Je m’inquiète pour ta santé, tu sais, tu ne nous donnes pas beaucoup de nouvelles… Tu as arrêté ses marques à tes poignets ? Tu prends bien tes antidépresseurs hein mon poussin ? C’est important que tu les prennes bien tous les jours, enfin, je ne t’apprends rien… Tu es grand maintenant…
… Rappelle-moi s’il te plait, pour que l’on parle un peu. …Tu me manques… et à ton père aussi…
Je t’aime. Ah, c’était Maman. »



*Tiiiit ! Fin de vos nouveaux messages.*


Voilà les bribes de souvenirs qui lui sont revenus depuis qu’il est ici, à Esperance. Victor ne cherche pas à les interpréter, il n’est pas idiot, il a plus ou moins compris qui il était avant. Mais il se dit que peut être, est-ce lui-même qui a cherché à occulter sa mémoire lorsqu’il se souvenait entièrement. Alors il ne cherche pas. Il laisse les choses venir à lui. Et ses souvenirs reviennent souvent sous forme de rêves. Il en aime certains, d’autres lui font peur. L’idée qu’il aimait terriblement la musique, de ça, il en a un ressenti très vif, il doit à présent réapprendre à la découvrir. Il ne ressent pas de manque, car il n’a pas encore conscience de ce qui n’est plus. Mais il a l’impression d’omettre de ce fait, une partie importante de lui. Depuis son arrivée à Esperance, il note tout. Non par peur d’oublier, il veut juste noter les étapes de sa redécouverte du monde des sons. C’est sa petite enquête intérieure. Hormis cela, il trouve la vie ici plutôt agréable, bien qu’étrange, mais ne s’en plaint pas.

Un matin, Victor s’est réveillé avec un chant d’oiseau inconnu. Une herbe folle lui chatouillait l’oreille, et un soleil éclatant lui fit plisser des yeux. Bienvenue à Esperance. Le jeune garçon n’est pas au pays depuis très longtemps. Il ne saurait dire en jour combien « pas très longtemps » représente, mais suffisamment pour se souvenir encore de son premier jour. Ce jour-là, Victor était effrayé. Non par le décor qui dégageait une certaine sérénité et joie de vivre, mais par lui-même. Il n’avait aucune idée de qui il était, de son nom, de sa vie passée. Mais très vite, il croisa sur sa route quelques personnes qui le rassurèrent aussitôt. Il semblait qu’être amnésique était chose courante dans la région. Il se renseigna sur ce lieu, que l’on nommait « Espérance », de son mode de vie, et finalement, Victor s’y accoutuma très vite. Une chose l’aida à s’y habituer, ce fut la présence de celui que l’on appelait « le directeur ». C’était un jeune homme un peu plus âgé que lui, réfléchi et bienveillant. Victor avait pu lui confier ses doutes en arrivant dans ce monde sans trop de difficultés, Bird était parvenu à chasser ses craintes et lui expliqua posément le système de vie de la communauté. Victor s’était attaché à lui, il lui trouvait quelque chose de respectable et d’impressionnant, sans en être intimidé pour autant. Il aimait sa compagnie et lui trouvait un certain charme.
Tout est bien dans le meilleur des mondes pour notre ami. Il s’était trouvé une petite maison dans le village et s’entrainait nuit et jour au violon pour retrouver son niveau d’antan. Oui, car le destin avait remis sur sa route, cet instrument oublié de sa mémoire, il avait déniché l'objet fétiche, dans une boutique de bric et de brac poussiéreuse. Victor, en admiration devant l'instrument poussiereux, entreprit de lui retrouver sa beauté, et ses sonorités d'antan.
Une chose malgré tout le taraudais, les nuits lui semblaient terriblement longues dans Reflet. Victor est effrayé par ce monde parallèle qu’il ne comprend pas, et lui offre bien souvent l’occasion de se plonger dans ses souvenirs.

Victor est un rêveur, mais avant tout, un petit génie. Il possède un don rare, celui de posséder l’oreille absolue, soit, l’aptitude à reconnaitre et déterminer sans référence préalable, le nom d’une ou plusieurs notes correspondant au son qu’il entend.  Toute sa vie est une partition ininterrompue. Il manie plusieurs instruments avec aisance, mais est principalement compositeur et chef d'orchestre. Il a de fortes prédispositions quant à l'apprentissage de certains instruments de musique en particulier les instruments à corde, mais Victor n’est tombé amoureux que d’un seul : le violon. Sa vocation professionnelle s’est portée sur l’art de la composition, un métier qui lui permet d’exprimer pleinement son univers et sa perception de la musique. Son violon est son phare. Son moment de recueillement à lui, lorsqu’il va mal, qu’il souhaite réfléchir, se confier, ou encore, d’être seul, c’est à lui et lui seul qu’il se livre.
Victor est un garçon très sensible et timide. Il fait preuve d’une très forte empathie pour les gens qui l’entourent, et tout ce qu’il peut ressentir, il le met en notes sur une partition. Il est discret, et introverti, il ne se mettra jamais au-devant de la scène, en société, il est constamment attentif aux sons qui l’entourent, ou bien complètement ailleurs, dans un ailleurs qui n’appartient qu’à lui. C’est un garçon très observateur, lorsqu’il n’a pas la tête dans les nuages, il est curieux, et s’émerveille d’un rien, comme un enfant. Il fait preuve d’une grande humilité, se montrant vite embarrassé par la jalousie que son talent peut engendrer aux yeux des autres.
Sa faculté lui permet également de chanter avec une extrême justesse. Il est par ailleurs capable non seulement d’identifier et de nommer la note écoutée, mais également de signaler si celle-ci est un peu trop haute ou basse selon le diapason de référence. Mais il ne chante pas en présence des autres. Il garde ce talent-là secret.
Devant l’étalage de tant de perfection, vous risqueriez de croire que Victor est un ange. Il est grand temps de mettre en lumière ses défauts. Victor est un dépressif chronique, et ceux, depuis l’adolescence. C’est un être extrêmement fragile rongé par les non-dits de son enfance, et ses différences, qui lui ont valu beaucoup de railleries durant sa jeunesse. Il lui arrive d’être plongé dans un profond mal de vivre, au point, dans des cas extrêmes de dépression, de s’entailler les poignées pour tenter de mettre fin à ses jours. Ce qui lui a valu plusieurs séjours aux urgences. Lorsqu’il est dans cette phase, le Victor du quotidien disparait pour n’être plus que l’ombre de lui-même. Mais nous en reparlerons plus loin. Bien que son apparence nous laisse à penser que c’est un garçon gentil et innocent, il cache en lui une profonde tristesse qui ne la quitte jamais vraiment.
Côté cœur, Victor a connu quelques belles histoires, en particulier avec des hommes. Il n’éprouve aucune révulsion pour les femmes, loin de là, mais peut être en a-t-il un peu peur. Ce sont des créatures étranges pour lui, qu’il ne comprend pas très bien. Malgré tout, il apprécie également la compagnie et l’affection d’une femme, au même titre qu’un homme, mais sans doute a-t-il vécu d’histoires plus fortes avec la gente masculine. En réalité, il serait plus juste de penser qu’il est pansexuel. Mais Victor a longtemps refoulé son désir pour les garçons du fait de son éducation catholique, et de la mentalité très tranchée sur la question, en particulier auprès de son père.

Victor est un dépressif chronique. Cette dépression vous tombe dessus sans prévenir, et dans le cas de Victor, intervient de manière très virulente. Lorsque cet état le submerge, il s ‘enferme à double tour dans une pièce noir et il n’y a plus moyen de l’en sortir avant qu’il ne le décide. S’il ne peut pas se couper du monde, Victor devient particulièrement exécrable et peut se montrer agressif, mettant tout en œuvre pour que personne ne l’approche.
Sa maladie empirait à chaque crise, au point qu’il tenta à plusieurs reprises de mettre fin à ses jours. Ces crises provoquent en lui des traumatismes qui lui font peu à peu perdre le gout de vivre. Arrivée à Esperance, le souvenir de ses moments douloureux a été balayé, il repart donc avec l’innocence des premiers jours du monde, et la gaieté oisive d’un enfant.

« Angoisse. Encore.
 
Elles se font de plus en plus violente. L’air devient oppressant, les sons sonnent horriblement faux, leurs visages s’enlaidissent au fur et à mesure que les secondes s’écoulent, tout contact me révulse, je veux dormir. N’être plus, ne plus rien ressentir, n’entendre que la Symphonie N°101 en D Major d’Haydn dans une bulle de morphine remplie de plumes. Et le noir complet.
Le meilleur subterfuge que j’ai trouvé, faute d’avoir de la morphine et un nid en plume, c’est la compagnie de mon violon, et le noir de ma chambre. Mais ce n’est pas toujours possible… Car ces crises ne préviennent pas. Elle me ronge de l’intérieur durant un laps de temps abominablement long. Je perds toute notion du temps, du rythme. Je ne ressens plus que cette haine cuisante, et cette souffrance poignante qui s’immisce dans mon esprit. Je ne saurai déterminer la cause exacte de mes maux, et pourtant, elle est là. Aussi vraie et puissante qu’un orchestre. Elle ne se lasse pas de me hanter, de me pousser à bout, elle finira par me tuer. »
 
Mais dans Reflet, ses démons réapparaissent, Victor prend l’apparence d’un homme à tête de bélier. Sa laine est noire et il transpire l’humidité, la souffrance et la décomposition. En d’autres termes, il s’incarne littéralement en son mal et ne devient que pure folie. Il peut se montrer extrêmement violent, si vous refusez de le laisser en paix. Telle une âme en peine, il vaque dans Reflet cherchant le courage nécessaire pour dépasser ce mal. Parfois, il obtient des réponses sur sa vie passée. Victor ne se rend à Reflet que s’il le juge vraiment nécessaire.

Victor dégage une certaine mélancolie. C’est un garçon très doux, et cela se sent. Mesurant dans les 1m85, pour à peine 70kg, il n’a pas le physique d’un sportif, il ne saurait d’ailleurs pas quoi faire avec un ballon dans les mains. Il reste pour autant beau garçon, un visage tout en finesse, de beaux yeux clairs verts bleutés, un nez fin et droit descendant sur une bouche finement dessinée aux teintes roses vives, légèrement charnues.
C’est un garçon très expressif, la moindre hésitation, un doute, une malice, une envie, un étonnement… vous devinerez tout de ses pensées rien qu’en observant ses mimiques. Enfin, lorsqu’il se sent suffisamment à son aise… S’il se ferme à vous, il dégagera de lui autant d’émotions que celles d’une huitre.
Le visage de Victor est encadré pas une belle tignasse blonde au reflet d’or. Des mèches ondulées lui tombent parfois sur le visage, lui descendant à mi-nuque.
La peau de Victor est claire. Trahissant parfois ses émotions ou sa fatigue, lorsque ses joues se teintent d’un léger rose. Sa peau claire lui vaut aussi quelques vilains coups de soleil quand ce dernier est au zénith.
Victor a des longs doigts fins et agiles, la plus belle de ses richesses physiques selon lui, car il s’agit là de son principal outil de travail. C’est un jeune homme très habile de ses mains, quel que soit les circonstances…
Autre signe particulier, il a une tâche de naissance sur son avant-bras droit qui évoque vaguement la forme d’un oiseau.
Le style vestimentaire de Victor est ce que l’on pourrait catégoriser de dandy chic un peu bohème. Il porte en règle générale des chemises légères à couleurs claires sur des vestes bien taillées épinglées d’une broche ou accompagnées d’un nœud papillon accordé à la tenue. Des pantalons droits et des chaussures de ville, il est soigneux et aime donner bonne impression. Pour les jours plus froids, vous le verrez endossés des fourrures ou d’autres accessoires pleins d’extravagances.

▬ Prénom/Pseudo : *^*
▬ Âge : 20 ans
▬ Où as-tu connu Je de l'âme ? Topsite
▬ Comment le trouves-tu ? Superbe!
▬ Expérience en RP : Correct
▬ Présence : 7/10 en moyenne. Davantage en période de vacances =)