« Tic, tac, tic, tac » fait l’horloge. Malgré son imposante carrure, le bruit qu’elle émet est discret et résonne dans la maison vide. Tic, tac… Le garçonnet blond, assis devant celle ci, est hypnotisé par le lourd mouvement du balancier…
« Dong ! » « Il est l’heure de prendre tes drogues, mon chéri ! » C’est maman… Depuis quelques temps, elle semble plus fatiguée, son visage se creuse, et elle n’arrête pas de me faire prendre des drogues. Je ne suis pas malade! Elle me fait aller souvent chez le médecin, et elle est tout le temps auprès de moi. J’aime beaucoup ma maman, mais j’aime pas les piqûres. Elle m’en fait si souvent ! Alors parfois, comme aujourd’hui, je joue à cache-cache avec elle, pour la faire sourire, de son sourire si doux de maman. Aujourd’hui, je suis derrière la grande horloge du salon. Je suis si petit, elle ne peut pas me voir… « Oh, mon chéri, tu es là ! » Mince ! La prochaine fois, je me cacherai mieux.

« Tic, Tac … » La maison est vide. Papa est au travail. Maman est partie me chercher des médicaments rapidement, loin, avant qua ma gouvernante n’arrive. Et elle n’est toujours pas là… Je me roule en boule, j’ai faim. Et puis il me vient une idée. Si j’allais chiper un bonbon dans la cachette de maman ? Elle croit les avoir bien cachés, mais moi, je fouille de partout dans la grande maison ! Je cours jusqu’à la cuisine. Que ce placard est haut ! Et que cette chaise est lourde… « Je suis rentrée ! Où est la gouvernante ? » Mince… Ce sera pour une prochaine fois.

« Ding, dong » Tiens, de la visite ! « Oh, docteur, que je suis contente de vous voir ! » Encore ce médecin de malheur ! Il vient de plus en plus souvent à la maison, et maman s’inquiète de plus en plus. « Viens ici, mon garçon, il faut que je t’examine encore ! » « Je veux pas ! » « Voyons, ne fais pas le difficile, mon chéri, ce sera rapide, tu verras ! » Maman a le sourire qui tremble… « J’arrive… » Après avoir fait ses examens habituels, le médecin me fait sortir pour parler tout seul avec maman. Ils disent que ce sont des discussions de grands, que je ne dois pas les embêter. Mais j’ai envie de savoir, moi ! Alors je me glisse derrière la porte pour les écouter. Maman sanglote, et le médecin lui dit que mon état ne cesse de s’empirer, que c’est trop tard… Qu’il faudrait un miracle pour que mon état se stabilise, et qu’il ne comprend pas pourquoi. « Je… je ne sais pas non plus ! » Mais je ne suis pas malade ! C’est un mauvais médecin ! Il fait pleurer maman en lui racontant des mensonges !
Tic, tac… « Il est l’heure de se coucher ! » Je grimpe dans mon lit, et maman me borde avec toute sa tendresse, malgré les larmes au fond de ses yeux. Sa bouche sourit, mais ses yeux moins. Longtemps après que je les aie espionné, je suis toujours aussi curieux de savoir pourquoi maman est si triste, et pourquoi le docteur a dit que j’étais malade. « Maman, pourquoi le docteur vient aussi souvent ? » « Eh bien… pour, euh… » « Maman ! Il a dit que j’étais de plus en plus malade ! Mais je me sens bien, moi ! » « Eh bien, mon chéri… Tu as la maladie du sucre. Tu n’as plus le droit d’en manger car tu en as trop dans ton corps, et ça peut te tuer. » « Mais non, je ne suis pas malade, ce n’est pas vrai ! Regarde moi ! Maman, tu sais il ment, je peux continuer de manger des sucreries ! Il ne peut pas me l’interdire ! Il ne peut pas » Et les larmes coulent de mes yeux et de ceux de maman, dont je suis le seul fils.

« Tic, tac… » Un mot doux.

« Tic, tac… » Une écorchure sur le genou.

« Tic, tac… » Un sourire.

« Tic, tac… » Une caresse.

« Tic, tac… » De grands arbres tremblants sous le vent.

« Tic, tac… » Une horloge dans le grand salon froid.

« Dong. » Un dernier dong qui résonne, l’horloge s’est arrêtée. Et il n’y a plus de clé pour la remonter.

Une île ! Comme celle qu’on voit dans les contes ! Ce furent mes premières pensées lors de mon arrivée dans un endroit d’un vert éclatant et gorgé de soleil, qui m’éblouit à un point que je n’avais jamais connu auparavant. Les seuls jours de soleil que j’avais connu étaient lorsque j’étais petit et que ma mère m’emmenait encore avec elle dans de longues balades, même à la mer, mais au fur et à mesure, elle m’a fait rester de plus en plus près de la maison, jusqu’à presque m’y enfermer, de peur que je succombe à ma maladie. Elle n’avait pas que cette peur la, ma pauvre mère… Ma douce maman. Mais ce jour ne brillait pas, ne resplendissait pas autant que ses yeux et son sourire dans les jours heureux. Un homme mystérieux, digne, et de stature imposante par sa discipline, me jeta presque un sourire froid avant de me mener vers une jeune fille. Je ne m’en souviens plus, mais elle me désigna vaguement les lieux, avant de me faire m’installer. Je ne savais pas où j’étais, et je n’écoutais rien, restant très hermétique à mon entourage. Je me sentais très perdu, et étourdi aussi, par tous ce qui me tombait dessus, mais aussi parce que je ne me rendais pas vraiment compte de l’endroit où j’étais, si différent de ma maison. Je flottais, quand des questions me ramenèrent à la réalité et m’enfoncèrent plus bas que terre. « Pourquoi suis je ici ? » « Maman sait elle que je le suis ? » « Pourquoi suis je si loin de maman ? » « Est ce qu’ils m’ont abandonné ? » « Ai-je été kidnappé ? ». Mais je ne pouvais répondre, et avant que je ne puisse demander le moindre renseignement, j’étais déjà seul.
Je ne le restai néanmoins pas longtemps. Je me suis vite fait une multitude d'amis, et je me suis particulièrement bien intégré à une bande. Ils se font appeller les Nahash. C'est Blanche qui m'a invité. Blanche, la seule fille qui me comprend! C'est la seule fille "féminine" que j'apprécie et pour laquelle j'ai un semblant d'admiration. Elle comprend, elle, que les bonbons ne me rendent pas malade, que ça doit venir d'autre chose, et elle m'en donne. C'est grâce à elle que j'ai intégré les Nahash, en échange de bonbons. C'est également grâce à elle que j'ai eu mon surnom, comme les autres Nahsh. Elle voulait m'appeler "Gula", gourmandise en latin... Mais je lui ai dit que c'était laid! Alors, je me suis souvenu de ce que les enfants disent à Halloween pour avoir des bonbons. "Trick or treat..." Et je lui ai proposé Trick. Elle a accepté en souriant, la gentille Blanche. Quand aux autres Nahash, ils sont géniaux! Je crois que ce sont les seuls enfants, enfin que NOUS sommes les seuls enfants sur cette île à savoir ce qui se passe vraiment. Enfin, un peu plus que les autres. Nous ne sommes pas comme eux, naïfs, ignorants, doux comme des agneaux. Plus qu'une bande, nous sommes une organisation! Et nous avons des rôles récurrents. Je suis chargé de faire diversion et de récolter des informations, le plus souvent. Notre but est de découvrir ce qui se passe, et de renverser le vilain Bird, et on va y arriver! Nous allons remettre de l'ordre sur cette île!
 

Trick. Cinq lettres qui résument tout un personnage. Fourbe mais adorable. On lui pardonne, ce ne sont que des farces. Sa vie entière en est une. Du moins, c’est comme ça qu’il la voit. Comme une grande farandole de hauts et de bas ... Surtout de bas, qu’il s’applique à éviter en fuyant. C’est un petit roublard qui a le vice collé à la peau. Mais de la bonté au fond de son cœur déçu d’enfant autrefois gâté, qui s’est vu retirer sa raison de vivre. Très réactif pour les choses pratiques de la vie, il prend du temps à s’adapter aux nouvelles situations, au fond, malgré sa sociabilité et son humour piquant, vif, ce gamin attachant. Car Trick est vif d’esprit, intelligent… rusé. Comme un renard. Ce qui l'aide bien pour son côté fourbe, mauvais, noir qu'il a au fond de son petit coeur. Personne ne le sait vraiment, sauf ceux qui voient en lui comme en un livre ouvert. Ça ne lui fait rien, d'être fourbe, à Trick. Au contraire, ça lui est utile pour avoir ce qu'il veut. Il en peut jamais vraiment l'avoir du premier coup, et d'une manière honnête. La fin justifie les moyens après tout. Il est fasciné par les secrets et l’âme des autres, simplement car il ne se rend pas compte de ce qu’il endure lui même, cherchant à le fuir. Un peu vantard, un peu mauvais garçon, un peu perdu, finalement. Perdu à force de vouloir s’en aller vers là où l’herbe est plus verte. Il fait le dos rond devant les disputes et les difficultés de la vie, cherchant à les amadouer en les enjôlant, leur montrant de petites étoiles brillantes ainsi qu’à lui même, pour cacher la froide et sale vérité. Et le plus souvent, ça marche !

Une entrave bien gênante, pour un garçonnet si avide de sucreries. Le diabète, la maladie du sucre. Sa gloutonnerie, son envie et son manque de volonté, de maturité et de raison peuvent le perdre, et le faire sombrer. Il est très malade, mais sa mère a réussi à lui inculquer des gestes qu’il répète, comme si c’était elle, simplement car elle lui manque. Trick fait comme si son entrave n’existait pas, la repousse, s’en détache au maximum, même si il sent son pesant poids sur ses épaules, écrasant son cœur. Il n’en demande pas moins à son entourage, particulièrement ceux qui ne le connaissent pas, des bonbons, des tonnes de bonbons, sous tous les prétextes. Et il est furieux quand cela ne marche pas. Le seul endroit où il peut assouvir sa passion est le reflet. Là, au moins, personne ne lui dit rien… Mais son mal le ronge à vue d’œil. Au fur et à mesure qu’il se remplit, et s’effrite, devient poussière, poussière de sucre, sucre en poudre. Mais du sucre en poudre, ça ne peut plus rien faire, surtout pas manger... Alors, ça s’éloigne au gré du vent créé par sa folie, sa frustration. Il ne résiste jamais, jamais une seconde, il craque toujours devant cette abondance de bonbons qui l’empoisonnent et le tuent. Chaque jour, il souffre et se dit qu’il devrait arrêter, lorsque que le visage de sa mère lui apparaît, mais celui ci s’efface de suite devant le moindre nougat.

Une tête blonde, de grands yeux, un petit nez un peu fouineur et un air de mauvais garçon, avec ses vêtements souvent sombres et putôt violets. Voici le petit Trick. On ne le croit jamais bien méchant, même de loin, il est même plutôt attirant, séduisant. Et lorsqu’il lève ses grands yeux d’un bleu limpide vers vous, vous craquez pour cet amoureux des chauves souris. Vous vous rendez compte qu’il est le garçon le plus adorable de la planète, et vous avez envie de le protéger, de le prendre dans vos bras, de le choyer, de le gâter… Il est difficile de lui résister. Sa petite taille et son corps fin lui permettent de compléter l’agilité dont il fait souvent preuve. Le reste du temps, il a une démarche insouciante, le nez en l’air et les cheveux au vent. Un peu rêveur. Et trop bon comédien. Il est toujours en train de flâner d’un air insoupçonnable, et son petit visage ovale aux traits fins inspire la confiance, plus que quiconque.