- Elmeraud dis moi, on ne te voit plus dessiner ces derniers temps, tout va bien ?

Elmeraud regardait la fille qui s'était adressé ainsi à lui, interloqué. Il la connaissait, bien sûr, il s'était déjà croisé à de multiples reprises, leurs classes étaient voisines et parfois ils se voyaient en salle d'art.. du moins quand le garçon y allait encore.

Il sortit de sa poche son lapin en peluche et le fixa pendant un long moment de silence. Depuis quand ne ressentait il plus le besoin de dessiner ses rêves, de chanter son chagrin inconnu ? Sujin aimait sa voix et haïssait ses dessins, pourtant après sa disparition, il s'était simplement tu ni n'avait retoucher le moindre crayon, lui qui allait jusqu'à creuser le sable pour y laisser une oeuvre éphémère. Qu'une simple étrangère l'ait remarqué le faisait se sentir étrange. Il ne savait pas exactement dire comment il se sentait, mais ce n'était pas tout à fait comme d'habitude.

- Je... ouais nan, t'inquiète je vais bien. Merci de t'en préoccuper mais c'est juste que je passe plus de temps à la bibliothèque avec les exams et tout... J'ai plus trop le temps de dessiner tu vois.. enfin là j'allais aller en salle d'art justement. A plus !

Et après un dernier sourire charmeur, il la planta là. Et maintenant, qu'allait il faire ? Pourquoi ne pas allez en salle d'art puisqu'il l'avait proposé. Alors il tourna les talons et se dirigea vers la salle désordonnée. Les enfants ne rangeaient jamais le matériel là bas ce qui faisait que cette salle était un constant capharnaüm. Certains la surnommaient le dépotoir, d'autre la caverne d'Ali baba. Quelque fut son nom, c'était avant tout un endroit calme car la plupart du temps délaissé. A certaines heures il n'y avait personne et Elmeraud pouvait y vider son esprit troubler sans retenue. C'était sans doute ce qui l'avait attiré lors de son arrivée à Espérance, avant bien sûr qu'il ne transfert son intérêt ailleurs, un autre système plus apte à soigner son entrave.

Arrivé à quelques mètres de la porte, le garçon entendit un violent bruit d'objets renversés. N'hâtant point le pas, il prit son temps et arriva tout juste pour tomber sur un jeune garçon au milieu d'un champs de bataille. Comme il était de mise, il fit mine d'inspecter les lieux en écarquillant les yeux l'air surpris. Très vite il put mettre un nom sur le visage familier: Orion.
Oui, il le connaissait, il ne serait donc pas seul pour aujourd'hui.

- Et ben, tu parles d'un chambard. Qu'est ce qui s'est passé ici ?


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désolée pour le temps de réponse x.x j'ai eu pas mal de trucs à faire mais ça devrait aller lus vite d'ici peu O/

C'était Elmeraud. J'avais eu peur jusqu'à ce que je puisse enfin le reconnaître. Je lui lance un sourire gêné suite à sa remarque tout en regardant autour de moi. Déjà que ce n'était pas très bien ranger avant, avec ma maladresse, c'était pire. Je m'en sentais coupable. Enfin, j'étais rassuré que ce ne soit pas un professeur qui m'aurait grondé.

" Euh... Ce qu'il s'est passé? Hé bien, je suis juste tombé. Mais, je vais ranger t'inquiète pas ! "

Aussitôt dit, aussitôt fait, Orion commençait déjà à remettre de l'ordre rangeant même ce qu'il n'avait pas déranger. Toujours aussi soucieux. Après avoir ramassé tout ce qui se trouvait au sol, il se tournait enfin ver Elmeraud cherchant quelque chose à dire. Il décida, après hésitation, de commencer par les banalités, demander comment il va, tout ça. Le genre de choses généralement ennuyeuses mais demandé par politesse. Quoi que, dans le cas d'Orion, il se souciait vraiment de la réponse.

" Comment tu vas aujourd'hui ? "

Il se rendait alors compte, en y réfléchissant, que lui ne saurait pas quoi répondre à l'éventuel et presque inévitable retour. Il réfléchissait tellement et se dissipait si facilement depuis qu'il était ici qu'il ne se posait jamais la question de savoir s'il allait bien ou non. Alors, il partait du principe que tant qu'il pouvait sourire sans difficulté ou sans avoir l'impression de mentir, il allait bien. Orion avait toujours une façon bizarre de penser.
Après un petit temps de réaction, il se rappela du lieux où ils étaient. Il en vint donc à se demander si Elmeraud n'était pas venu pour dessiner. A cette pensée, Orion se demandait s'il ne le dérangeait pas, dans ce cas. Il regardait les toiles blanches. Il n'avait pas la moindre idée de s'il savait ou non bien dessiner. Il se disait alors "pourquoi ne pas essayer, un jour".
Cette pensée fit alors poser cette seconde question à Elmeraud ;
" Tu es venu pour dessiner ? "

La différence entre dessiner et peindre était inconnue à Orion. Pour lui, c'était la même chose.

- Ha pas besoin, t'inqui...

Trop tard, Orion s'était déjà mis au boulot. Rangeant ça et là le désordre, la salle devint très vite bien plus clean qu'elle ne l'eut jamais été. Il y mettait vraiment beaucoup d'énergie et à le regarder faire, Elm se sentit soudainement plus vieux. Enfin, Elmeraud n'avait jamais vraiment fait son âge. Dans son cas, c'était un peu comme si son esprit compensait l'arrêt de croissance de son corps par des actes prématurés. Etait-ce un effet secondaire d'Espérance ou était-il simplement né comme ça ? C'était une bonne question... dont il n'avait pas la réponse.

Et puis, une fois qu'Orion eut fini son oeuvre, il enchaîna les questions d'une banalité affligeante. Comment allait-il ? Comme d'habitude, ni bien, ni mal. Combien de fois déjà avait il souhaité répondre ça ? Mais il se contenta de sourire au garçon puis le dépassa pour aller poser ses affaires dans le fond de la salle, près de l'endroit qu'il se réservait pour dessiner.

- Ça va. Et toi aussi visiblement: tu as l'air en forme.

Il se saisit ensuite d'une toile d'un blanc immaculé qu'il allongea sur le sol. Elmeraud peignait debout, accroupit voir complètement affalé sur son dessin. C'était très loin d'être pratique et souvent les gens le regardaient comme une bête de cirque, mais il avait besoin de surplomber ce qu'il faisait, de constamment avoir une vue d'ensemble. Il ne dessinait pas bien et ne retouchait jamais ses oeuvres, et pourtant ce qu'il faisait était à la fois d'une extrême laideur et d'une grande sensibilité. Certains disait qu'il ne savait tout simplement pas dessiner, après tout il utilisait n'importe quel support, n'importe quel objet et n'importe quel médium.
Il créa à côté de lui un petit tas désordonné. Il y avait rassemblé tout ce qu'il avait pu trouver: feutres, gouache, acrylique, pastels, huile, chutes de papiers, morceaux de verre, mosaïques, crayons de couleur, bois, aquarelle etc. Et bien sûr de l'eau et un amalgame de torchons usés, sans compter toutes les divers tailles de pinceaux, couteaux, éponges et autres ustensiles variés.

- Si on veut. Je ne sais pas vraiment en fait. Et toi, qu'est ce que tu fais là ?

Il attendit un instant et puis, sans vraiment savoir pourquoi, il lui tendit un pinceau.

- Tu veux essayer ?

- Euh, tu sais ... Je ne pense pas savoir très bien dessiner ...

- Oh tu sais.. si tu fais de l'abstrait il n'est pas nécessaire de savoir dessiner, répondit il en rigolant.

Et puis le jeune garçon se saisit du pinceau qu'Elmeraud lui tendait et le trempa dans du jaune. Se penchant au dessus de la toile, il semblait s'appliquer avec grandes précautions. Par dessus son épaule, Elm l'observait. Il l'observait lorsqu'il posa le pinceau sec englué par la peinture sur la surface rêche de la toile, il l'observait encore lorsqu'il s'efforça de dessiner un demi cercle parfait pour former.. une lune ? Enfin, il le regardait toujours lorsque peu satisfait de la taille de son dessin, il essaya désespéramment de l'agrandir. Gêné, il finit par déclarer forfait.

Honnêtement, Elmeraud ne comprenait rien à l'art dessinant seulement ce qui lui plaisait, alors il était bien incapable de dire si ce que faisait Orion était bon ou mauvais, mais puisque ce dernier considérait être dépourvu de tout savoir-faire, le jeune homme s'esclaffa tout en tapotant le dos de son ami.

- Mais non, mais non, tu essaies peut être juste de trop bien faire ?  Tu sais la peinture ça peut aussi être abstrait.

Alors le garçon se leva, alla se chercher un grand seau d'eau dans lequel il trempa ses mains. Semant des gouttelettes ruisselantes sur son chemin, il recouvrit ensuite ses paumes blanches de peinture colorée. En face de lui, gisait la victime idéale: une toile format raisin disposée sur son chevalet. Ni une ni deux, il s'affala dessus étalant ses bras sur toute la longueur. Là, il entama de caresser la surface blême. Chaque mouvement de ses paumes laissait sur son passage des touches de peinture aux déclinaisons étonnante, c'était la magie du random, le geste qui forme tout lorsqu'on ne l'attend pas.
Il se décala ensuite, observant son travail. Avec un petite moue il alla chercher un tube de peinture à jet et embarqua Orion dans son sillage. Lui mettant le pot en main, il guida son mouvement et fit gicler une ribambelle de perles cyan sur toute la surface. Le résultat était inachevé, bien sûr, mais Elm avait montré son exemple.

- Tu vois ? Pas besoin de dessin !


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[ Et parce que je ne pouvais pas écrire ce RP sans penser à ce clip et cette chanson : 2min40]