« Kyrie Eleison »

Seigneur, aie Pitié. Pour moi qui croit en Toi, pour cette main qui caressait mes cheveux dans les ténèbres. Seigneur, aies Pitié de cette main qui se glissait dans ma chevelure ténébreuse. Seigneur... pourquoi n'as-Tu aucune pitié ?

Je me souviens de ces doigts fins, de cette peau si douce. Je me rappelle de ses couleurs claires, de son toucher. Il m'apaisait tant, Seigneur, pourquoi ma prière ne T'a-t-elle pas touchée ? La main s'est effondrée, famélique, et ses ongles se sont plantés dans ma chair. Méritait-elle de souffrir ? A-t-elle souffert ? Seigneur, rappelle-moi son nom...

Sa main s'est noyée dans les ténèbres avant que je ne sache le prononcer. Je voie encore sa bague d'argent dans le moindre détail.

« Ingemisco, tamquam reus. »

Je gémis comme un coupable. Je pleure et me jette sur ce cactus aux couleurs verdoyantes, l'enlaçant, je veux le protéger. Des sons indéfinissables me parviennent en tous sens, me vrillent les tympans. Seigneur, laisse-le vivre encore. Les ténèbres m'encerclent, je ne sais pas où je suis, j'ignore qui je suis. Mais je ne veux pas que ce cactus meurt, je ne veux pas que sa fleur fane.

Ses aiguilles fines me transpercent la peau. Pourquoi me blesse-t-il alors que je ne souhaite que son bien ? Ai-je mal agi ? Dis-moi Seigneur, pourquoi ses pétales immaculés rougeoient-ils ? Mes larmes ont un goût sablé.

Contre ma jambe, une croix en or.

« Dies irae, dies illa. »

Jour de colère que ce jour-là. Je suis une véritable pelote de nerfs à vifs, et je me bats contre des ombres que je n'arrive pas à toucher. Je hurle. Me souviens avoir prononcé un nom. Dios.

Je T'ai tant appelé, supplié. Seigneur, pourquoi ne m'as-Tu pas répondu ? Je n'ai jamais autant prié, et je croyais que Tu sauvais tes fidèles. Seigneur, ma peau me brûle. Seigneur, mon corps s'affaisse. Seigneur, je crois mourir.

Pourtant, je ne vois nulle lumière. M'aurais-tu abandonné à Lucifer ?

Je me souviens de mon corps cambré, de mon cœur torturé. Je crois que mes yeux ne veulent plus s'ouvrir. Dieu, je ne suis qu'un enfant. Et sur mes mains luit le sang, brille un diamant.

« Brebis égarée... »

... Mouton noir. L'eau vive court sur mon visage, et je vois ses lèvres se poser au creux de ma paume, puis sur ma joue. Elles sont magnifiques. Belles comme l'aurore. Est-ce à Toi que je dois à ce tableau, Seigneur ?

Ses cheveux blonds glissent avec légèreté sur ses épaules, et je les repousse derrière ses oreilles d'un geste habile. Je crois que j'ai rougi. Ses mains me tendent un petit bouquet de pensées colorées. Je lui fais remarquer que je préfère les fleurs blanches, et on se met à cueillir des pensées immaculées. Puis, son sourire disparaît.

Seigneur, disparais de ma vie.

« Recordare. »

Souviens-toi. Mes souvenirs sont à moi, et rien qu'à moi, je n'en parle à personne. Ou alors il faudra une bonne argumentation pour me délier la langue. J'ai du mal à me rappeler, et ça m'énerve. Je veux en savoir plus, et ne rien obtenir de plus que les quelques bribes de mémoire qu'il me reste, ça me fait rager.

Je ne supporte pas les cactus ; ils m'agressent. Je les jetterai contre un mur, les écraserai sous mon pied. Heureusement pour eux, je ne les approche pas. J'imagine que je sais d'où viennent mes cicatrices, et je crois que c'est ma faute. Je veux savoir quelle est la vérité, et en même temps, j'ai peur d'en souffrir. Les fleurs blanches ravivent quelques fois mes souvenirs, surtout les pensées, mais j'ignore de quoi je suis sensé me souvenir. Un peu comme lorsqu'on met un post-it quelque part parce que c'est important, et qu'on se rend finalement compte que le papier est vierge. C'est rageant, frustrant. Ça m'effraie et ça m'excite.

Ce visage... qui est-ce ? Chaque détail m'est connu, je saurai le croquer mille et une fois, jusqu'à le rendre parfaitement identique à mes souvenirs. Mon cœur bat parfois au détour d'un couloir, lorsque je croise une chevelure blonde. J'espère que c'est la même personne et, comme à chaque fois, je suis déçu. Alors je ne l'attends plus. Qui dit qu'on se retrouvera un jour à Espérance ? Si je n'y crois plus, je peux toujours en rêver.

Le premier souvenir d'Espérance que j'ai eu était de la nourriture. Oui, de la nourriture, plus précisément un verre de lait et des gâteaux au chocolat. Ça m'a fait penser à une fête religieuse sur le coup, les enfants en offrent toujours à un bonhomme en rouge et blanc venu leur apporter des cadeaux. Mais ce fameux personnage imaginaire, ce n'était pas moi et, je ne sais pas pourquoi, je m'étais en fait réveillé dans une cuisine. A ce qu'il paraît, on m'avait trouvé par terre, près d'une maison d'Espérance, après avoir erré comme un somnambule.

Je ne sais pas si c'est vrai, je vous rappelle que mon premier souvenir se rapporte à des gâteaux. Je les ai mangé, puis je me suis demandé où j'étais. J'ai voulu rentrer chez moi, mais personne ne savait où c'était, et je n'arrivais pas à décrire l'endroit exact. Pour tout dire, je ne savais vraiment pas ce qu'était ce que j'appelais ma "maison". C'était flou, un peu comme un réflexe, une habitude qu'on a pris durant des années.

M'adapter à Espérance n'était pas facile, je ne me sentais pas vraiment à ma place ici. Surtout depuis que mon entrave a commencé à se manifester. Être nouveau et voler, ça ne fait forcément pas bon ménage pour les autres. Il y a deux ans que je suis ici, et les choses n'ont pas énormément changé. Je me traîne une très mauvaise réputation que je n'essaie même plus de démonter. Les rumeurs vont rapidement bon train, je ne vois pas ce que je peux y faire. Bird ne me supporte pas, et bien que je lui parle de bonne volonté et d'efforts, rien n'y fait, je n'arrive pas à m'empêcher de voler.

Auprès des autres, je considère que je n'ai rien à leur prouver aujourd'hui. Ils m'aiment ou ils ne m'aiment pas, je m'en moque, je vis ma vie à Espérance. En toute honnêteté, je n'aime pas vraiment cet endroit du coup. Par contre, le Reflet... Je suis persuadé qu'il peut m'aider à en savoir plus sur mon Avant, sur qui je suis réellement. Ma curiosité s'attise, je veux en savoir plus.

Elias le voleur, Elias le rebelle, Elias le méchant. Les rumeurs vont bon train, mais qu'en est-il réellement ?

Comme sa réputation n'est pas glorieuse, on le prend souvent pour un sale gosse qui ne fait que des sales tours pour son plaisir. Certes, le garçon n'est pas la perfection, mais ces moqueries l'ont poussé à se refermer sur lui-même, et on le croit aisément insensible. Ce n'est pourtant pas le cas. Elias est sensible, mais pas émotif ; il ressent la joie et la douleur, mais ne les communique pas. Il fait tout pour être le plus discret possible, histoire qu'on l'oublie un peu, qu'on oublie qu'il vole. Ceux qui ne s'arrêtent pas à ce détail peuvent remarquer que le jeune homme a des qualités pas forcément visibles au premier coup d'œil.

Vif d'esprit, intelligent, franc, il est rare qu'il fasse le tour du pot pour demander quelque chose ou pour donner son avis. Les autres ne prennent pas de gants avec lui, alors pourquoi le ferait-il ? Attentif. Terriblement curieux, il veut toujours tout savoir, que ce soit au sujet de son Avant, du Reflet, ou même de n'importe quel objet commun. Son côté nonchalant fait qu'on ne se préoccupe pas vraiment de lui, du coup il a l'oreille qui traîne, et sait pas mal de choses sur les gens d'Espérance, même de ceux qu'il n'a jamais vus. Ce n'est pas terrible, mais ça occupe.

De plus, Elias est moqueur. Paradoxal ? Pas tant que ça. Ça lui permet d'avoir un peu d'humour, il se moque gentiment, sauf de ceux qu'il ne peut vraiment pas saquer. Il réagit souvent au feeling, et sera agréable ou non avec son entourage selon ses humeurs. S'il est mal luné, vous pouvez être son ami le plus proche, rien ne l'empêchera de vous blesser. Il ne prend pas de gants, dit les choses comme elles lui viennent à l'esprit. C'est un garçon ouvert et qui aime apprendre, du coup il n'hésite pas à s'intéresser aux autres, voire à les aider, surtout s'il peut gagner quelque chose.

Opportuniste. Attentif. Rien ne lui échappe. Et si quelque chose l'attire, il fera tout pour s'en emparer, quitte à braver ses peurs. Courageux. Nerveux, il démarre facilement au quart de tour lorsqu'il est contrarié. Mieux vaut donc ne pas se trouver sur son chemin lorsqu'il est de mauvaise humeur. A vos risques et périls, il peut se révéler aussi adorable qu'insupportable.

De l'Avant, je ne me rappelle que de ces quelques objets : une bague, une croix et un diamant. Le reste est flou ou étrange. Si je garde ce symbole du Christ, ce n'est pas pour son côté religieux. Ça, je ne veux plus en entendre parler. Non, c'est parce qu'il est le seul lien physique que je conserve de mon passé. Et la moindre chose susceptible de réveiller mes souvenirs ou de provoquer en moi une quelconque curiosité m'intrigue. Je ne peux pas m'en empêcher, il faut que je la possède.

Je suis kleptomane.

Je suis un petit voleur qui n'arrive pas à se retenir de voler. Au début, c'était tout ce qui me rappelait l'Avant, et aujourd'hui, ça a pris des proportions énormes sans que je ne m'en rende vraiment compte. Une gomme, l'agrafeuse de Bird, un ruban, un prénom griffonné à la hâte sur un bout de papier. Je crois que j'ai peur de perdre de nouveau mes souvenirs. Peut-être. Je l'ignore en réalité. Mais j'ai besoin d'avoir près de moi toutes sortes de babioles, pour la plus grande partie sans grande valeur monétaire. Mais l'argent, je m'en fiche ; je ne revendrai jamais mon trésor, même si j'étais au bord de la famine.

Je dois par contre avouer que ce n'est pas facile tous les jours, le regard des autres est parfois pesant. Ils ne me comprennent pas. Et inutile de leur expliquer, ils s'imagineront certainement que je me trouve des excuses, et il faudrait que je leur parle de mon Avant. Ça, bien sûr, c'est hors de question. Ils me voient comme une espèce de pie et, dans le fond, ils n'ont pas totalement tort.

Dans le Reflet, c'est l'apparence que je prends. Un oiseau attiré par tout ce qui brille, mais aussi par la mort. C'est un animal que je trouve plutôt beau, au plumage noir et blanc. Mais je le trouve aussi effrayant. Un charognard. Est-ce ce que je suis vraiment ?

Il faut d'abord remarquer qu'Elias est particulièrement canon.

Non, c'est pas suffisant ? Comment ça, la beauté est relative ? Bon reprenons. Notre petit mexicain est, grâce à ses origines, pas si trapu que cela. Au contraire, élancé, svelte, il a réussi sans problème à culminer les 1m80, en prenant une bonne vingtaine de centimètres durant son adolescence, en moins d'un an. Autant de précision n'est pas forcément utile, mais comme ça, vous le saurez.

Svelte, mais aussi musclé. Il ne s'en souvient pas, mais Elias a longtemps pratiqué la course à pied et s'est aussi battu malgré son jeune âge, de quoi modeler son corps. Il est carré. Presque pas un poil de graisse. Le garçon pourrait d'ailleurs remercier son métabolisme car en-dehors de son travail à la ferme, il ne fait pas grand chose pour entretenir tout ça.

Des mèches brunes et rebelles, épaisses, lui tombent éparses sur le visage. Le mexicain porte une coupe courte, mais la néglige. Ce n'est que lorsqu'elle devient gênante qu'il se décide à couper ses cheveux. Son front est plutôt haut, ses sourcils fins et foncés. Quant à ses yeux, étonnement, ils sont bridés et en leur centre brillent deux perles noires. Enfin, noires... Disons plutôt de couleur marron, mais en concentré. Un peu comme pour les tomates, vous voyez ? Ah, je suis encore à côté de la plaque ? Passons.

Son nez est fin, légèrement retroussé. Ses lèvres désirables, elles, sont relativement normales. Ni trop pleines, ni trop fines, juste ce qu'il faut. Malheureusement, il en faut pour lui faire décrocher un vrai sourire, ce qui est finalement dommage.

Son visage ovale repose sur un cou musclé, tendu. Ses épaules sont larges, et ses membres, comme dit plus hauts, joliment musclés. Quelques cicatrices parcourent çà et là son corps, mais on leur trouve un certain charme et du mystère. Mais avouons-le : il les cache. Après tout, un souvenir douloureux ne s’exhibe pas, n'est-ce pas ?

En général, il porte des vêtements décontractés. Un jeans, un T-shirt, des baskets, et roule ma poule ! En même temps, mieux vaut ne pas être exigent quand on travaille dans une ferme. Par contre, il porte très souvent un blouson en cuir d'agneau, une fourrure bordant sa capuche. C'est le détail qui permet plus ou moins de le reconnaître de loin.

» Prénom/Pseudo : Shinji Apurikotto. Ou Shinji pour les intimes du net 8D
» Âge : Un peu plus de 230 mois si je compte bien. Ou plus de 7 200 jours... Bref, moins de quatre-vingts ans, c'est sûr. (a)
» Où as-tu connu Je de l'âme ? Grâce à Bird, sur S.o.S. J'ai d'ailleurs remarqué d'autres personnes du forum qui se sont inscrits. o_o
» Comment le trouves-tu ? Mal fait, tout pourri, beurk D: /PAN/ Mais nan, il est beau le forum, en plus le contexte est prenant ! ** Je comptais pas m'inscrire dans l'immédiat, mais un concours de circonstances m'y a poussée... <_<'
» Expérience en RP : I am the king of the divan ♪ Ah, ça a rien à voir ? Je fais du RP depuis bientôt six ans, et j'aime toujours ça. \o
» Présence : C'était LA raison pour laquelle j'ai hésité à m'inscrire. v_v Mais vu que c'est fait, je promets d'être sage et omniprésente sur Je de l'Âme ♥ De temps en temps en fait. Et puis quand j'aurais envie. Mais si les autres membres me mordent, je me carapate ! >:B /PAN/
» Code réglement : C'est vicieux ! D:
» Code contexte : J'insiste, très vicieux !

Bref. Mes excuses pour cette fin on ne peut plus désespérante, on laisse le kikoolol au placard maintenant. (a) Et vivement que j'achève cette fiche ; ce codage et moi, on est pas copains. D: /PAN FINAL/

Car Shinji veut ajouter sa touche à cette fiche originale. Parce que Shinji est désormais le dieu qui guide Elias vers son destin. Elle tient à préciser que ce personnage est un ingrat, car en le faisant vivre sa nouvelle vie, il n'a qu'une idée en tête, retrouver son passé. Mais son passé n'est pas beau. Shinji a eu pitié de lui.

Et surtout, Shinji n'aime pas toujours dire clairement les choses.

En vrac;
Très répandu dans le désert mexicain, le cactus est symbole d'amour maternel. Lucifer est l'être représentant le péché de la colère. Les pensées sont offertes accompagnées de ce message : "Ne m'oublie pas". Les blanches représentent un premier amour, naissant et respectueux.