Icare attend patiemment l’arrivée de Moïra. Il n’a pas fait autant d’efforts de présentation, mais il a ciré ses chaussures trop vieilles et arrangé ses cheveux rebelles. Il guette la silhouette spectrale de la jeune fille, sillonnant la plage de long en large. L’air est vif et frais, il se félicite d’avoir pensé à prendre un pull-over. Il espère surtout que Moïra n’aura pas froid, cela pourrait raccourcir leur entrevue.

Icare, ne voulant pas gâcher ce moment inédit, n’a pas encore commencé les recherches. Le Soleil a pris sa teinte orangée du soir, lorsqu’il s’apprête à laisser place à la nuit. Ils auront un peu moins d’une heure pour trouver la fleur. Icare est tout de même angoissé, il ne cesse de tortiller ses doigts. Il craint que Moïra s’impatiente, s’irrite, ou pire, qu’elle le prenne pour un menteur ! Icare mise tout sur ce soir pour lui prouver sa bonne foi. Il faut que ça marche.

Mais enfin, il aperçoit la chevelure diaphane de la jeune fleuriste qui, même si elle n’a guère l’air enchantée, est présente. C’est tout de même ce qui compte, non ? Icare attend qu’elle arrive à sa hauteur et, souriant sans trop témoigner de son enthousiasme pour ne pas brusquer Moïra, il s’approche d’elle en quelques pas.

- Merci d’être venu.

Il fixe un moment la jeune fille, jusqu’à se souvenir que celle-ci n’aime pas trop cela. Il détourne alors vivement la tête et regarde autour d’eux. Le sable, la mer, le ciel. Il se demande si ce paysage plait à Moïra. Il n’ose pas lui demander. Elle n’est pas là pour ça. Il le sait.

- Je crois qu’elle se trouve près des falaises. Il faut chercher par là.

Afin de lui montrer qu’il est décidé à dénicher la fleur et qu’il n’est pas là pour prendre du bon temps, Icare court jusqu’aux falaises, fouillant parmi les maigres herbes qui en envahissent les fondements. Il faut qu’elle soit là.